SUBLIME(S)

29/06/2020

Saison 23/24 Texte, conception et mise en scène Vanessa Larré

Cette pièce est dédiée à T.

Julie Jeanne a purgé une peine de prison et elle a accepté de confier son histoire à une journaliste rencontrée durant son incarcération. Cette dernière va être amenée à son tour à revisiter un traumatisme personnel survenu dans son adolescence. La pièce s'écrit au fil de cette enquête intime qui suit les deux trajectoires en miroir de ces femmes marquées chacune par la disparition d'un être cher.

Il y est question de violence et de défaillance paternelle et maternelle, d'abandon et de dénis, mais au-delà de la peine, d'une quête d'amour et de pardon.

Cette pièce est un récit fragmentaire composé et raconté par la journaliste qui mène l'enquête. Les personnages qui apparaissent sur scène au fil de l'histoire sont les témoins des faits. Il ne s'agit pas ici de refaire leurs procès et surtout pas celui de Julie L., la Justice s'en est chargée et elle a purgé sa peine. Mais comme elle me l'a écrit elle-même :

« ...Ma peine ce n'est pas celle prononcée par les juges. Ma peine elle est à moi, lourde, intime, de la tristesse et de la culpabilité qui ne me quitteront jamais ».

C'est là peut-être tout l'enjeu de la pièce, œuvrer à une réparation qui travaille avec la peine.

Pour ma part j'ai vécu adolescente un événement qui a durablement marqué ma vie et dont j'aimerais déposer ici le récit à travers le personnage de La Journaliste. C'est une histoire de défaillance paternelle et d'abandon qui n'est pas sans écho avec celle de Julie L. et plus largement celle inscrite dans notre culture. Car vivre dans une société organisée par les rapports de hiérarchie avec le déterminisme qui en découle a des conséquences sur nos vies, sur les relations que nous entretenons avec les autres dans l'espace social, dans nos familles, nos couples, nos sexualités et surtout avec nos enfants. C'est là que notre responsabilité est peut-être la plus engagée et il en est question ici de la façon la plus tragique.

A travers ces histoires d'enfances blessées je cherche à parler de l'engrenage qui peut nous mener adultes à reproduire le cercle du malheur, et comment en faisant apparaître nos ressemblances nous pourrions créer une résonance sensible qui œuvre à une réconciliation.


A L'INTERIEUR - court métrage réalisé au CPOS - 2017

A l'intérieur (durée 18'36)          psw : SARAN    https://vimeo.com/393487293

D'Octobre 2015 à Juin 2016 j'anime un atelier théâtre et vidéo au Centre Pénitentiaire de Saran, en partenariat avec le CDN d'Orléans. J'ai le projet de faire le portrait des détenues et de mettre en scène une présentation de ce travail. La maison d'arrêt pour femme accueille des femmes pour de plus ou moins courtes peines et au fur et à mesure des séances, je m'aperçois que je ne revois jamais longtemps les mêmes femmes. Début 2016, je faits la connaissance de Julie L. qui viendra régulièrement ensuite à toutes les séances. Naturellement nous tissons des liens et quand l'aventure s'achève nous  ne nous cachons pas notre affinité. A partir de là, je n'aurai plus de nouvelle d'elle durant deux ans, période durant laquelle, je devais l'apprendre plus tard, elle reste incarcéré dans l'attente de son procès. Je décide alors de monter un film des différentes tentatives filmées que nous avons faites et réalise le film "A l'intérieur". Enfin, lors du montage en juin 2020 d'un nouveau film où elle apparaît à nouveau, je découvre que son procès a enfin eu lieu et qu'elle vient d'être condamnée. Bouleversée, je lui écrit en prison pour reprendre je l'espère, le fil d'une rencontre interrompue.

Parallèlement je découvre le texte "Sublime, forcément sublime, Christine V." de Marguerite Duras sur l'affaire du petit Gregory, article publié dans Libération en 1985 qui fit scandale. Il pointe en effet dans un écrit littéraire presque hallucinatoire, à travers la mère de l'enfant assassiné, une anthologie poétique brûlante de la condition archétypale de la mère infanticide.

             « Pourtant cette femme des collines nues, dit-on, aurait trouvé comment défaire en une fois, en une minute, la totalité du bâtiment de sa vie. On le dit. Ce n'est pas sûr. On peut imaginer la chose dans son principe. Dans son fait, on ne peut pas, c'est rigoureusement impossible. (...)

             « Quand arrive cette soirée d'octobre, il me semble que la folie est déjà passée par les collines. Que c'est déjà trop tard. Qu'elle a déjà raidi son corps, ses seins, son regard, qu'elle ait glacé son cœur et que c'est déjà trop tard. Même le temps, ce jour-là, elle n'arrive plus à le tuer. Elle ne regarde plus personne sauf le dehors, ce vent qui revient avec l'automne, ce nu des collines, ce cauchemar, ce froid, ces journées de plus en plus courtes comme le temps qui reste avant la fin. Pendant ces soirées-là, ces femmes n'arrivent plus à lire. Dans le degré d'incandescence qu'atteignent parfois dans leur maison le silence et la disparition de la vie, elles ne doivent même plus se parler avec les hommes. Plus rien entre eux que ces enfants. Dans ce puits de silence, ces enfants qui attendent. Même les enfants quand ils parlent, elles devraient les faire taire Comment ne voient-ils pas, eux, les hommes. Qu'elles n'ont plus rien d'autre à faire que cela dont on parle, même pas mourir, elles. » (...)

                                                      Sublime, forcément sublime, Christine V. - Marguerite Duras

Texte, conception et mise en scène de Vanessa Larré

  • Atelier vidéo, MAF, CPOS (2017)
  • Entretiens masculinités, Paris (2020)
  • Journal de parloir (2021)
  • Entretiens filmés avec Julie L., Orléans (2021)
  • Résidence d'essai, Centquatre-Paris (mars 2022)
  • Résidence d'écriture, La Chartreuse-CNES (printemps 2022)

ÉCRITURE et MISE EN SCÈNE   Vanessa Larré

CoDRAMATURGIE   Barbara Métais-Chastagnier   ASSISTANAT   Valérie Bert

DISTRIBUTION   Julie Denisse, Florence Janas, Biño Sauitzvi , (en cours)..

En vidéo   Julie L., Vanessa Larré, portraits d'hommes, (en cours)

TRAVAIL CHORÉGRAPHIQUE Biño Sauitzvy   SCÉNOGRAPHIE  Anne Lezervant

LUMIÈRES Mathilde Chamoux   VIDÉO Martin Verdet   SON Claire Frachebourg

COSTUMES Ariane Viallet   REGIE GENERALE Camille Urvoy  

PRODUCTION et développement  Dantès Pigeard// Parcelle112   +33 6 01 98 98 97 dantes.parcelle112@gmail.com

Créez votre site web gratuitement ! Ce site internet a été réalisé avec Webnode. Créez le votre gratuitement aujourd'hui ! Commencer